10.5.3 1 - AUTRES RÉPONSES

 

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  Deux tests (test 1 et test 2) vérifieront votre compréhension de la présente section.

 

1 - 1SA : Cette séquence est jouée normalement comme 8-11. Elle est discutée en conjonction avec la séquence
1 - 1
1Maj - 1SA.

1-1SA
2 : l'ouvreur pourrait avoir une majeure quatrième. Pourquoi la nommerait-il puisque le répondant nie en avoir une ! Il n'y a donc pas de fit en majeure. l'ouvreur pourrait donc ne posséder que cinq trèfles si la main, débalancée, est impropre au sans atout. Voici deux types de mains convenant à cette redemande à trèfle :
 

 63                      43
D75        RV65
R9         9
ARV842     ARD872

1 - 2 le Standard Américain joue cette réponse comme tout appui. Elle dépeint une main de 6 à 9 points (ou, tel qu'expliqué au début du livre, 6- 10-), avec quatre ou cinq trèfles. Une convention moderne consiste à traiter cette réponse comme contenant au moins 10 points (une variante : 9 points et plus). La plupart des équipes qui l'emploient jouent cette convention comme excluant une majeure quatrième. L'objectif est double : puisqu'on n'a pas de fit en majeure, cherchons si nous avons les arràts partout pour jouer un contrat de sans atout ; sinon, tâchons de dégager le niveau idéal pour jouer à trèfle. Cette réponse de 2 de la mineure d'ouverture s'appelle "les mineures inversées".
 

Cette convention recèle deux avantages principaux. Elle fait disparaitre l'ambiguïté de l'appui à saut du Standard Américain :  1 - 3 , en Standard, représente soit une main invitationnelle (10-11 points), soit une main impérative de manche - selon l'entente entre les partenaires. Deuxième avantage, elle permet de faire de la séquence 1 - 3 une réponse-barrage, ce qui est conforme à l'esprit de la Loi des levées totales (voir le paragraphe suivant). La main de gauche représente l'appui simple (1 - 2 : 6-9 et au moins 4 trèfles) ; la main de droite, les mineures inversées (1 - 2 : un beau 10+ points, pas de majeure (ou une majeure nulle dans une main carrée) et au moins 4 de la mineure, celle-ci étant ici trèfle)

85                 R54
62       65
R732     A92
9865     RV764

Cependant, une variante des mineures inversées m'apparait meilleure. Elle m'a été expliquée par Normand Houle, fin 2002. Cette convention se nomme "criss-cross". Son origine provient du besoin de conserver une réponse de 2 de la mineure comme standard. On constate en effet quelque malaise à répondre 1SA sur 1 avec 1345 et 6-9 points ce que la convention des mineures inversées nous oblige à répondre. D'où les mineures inversées ainsi définies : un saut dans l'autre mineure que l'ouverture indique les mineures inversées. Soit : 1 - 3, ou 1 - 2. C'est là un progrès appréciable sur la formule canonique des mineures inversées.

Mais criss-cross est surtout employé aujourd'hui dans un sens différent. Cette convention sert à transformer les mineures inversées en séquences impératives de manche. Si bien que criss-cross "bouche le trou" entre la main de 6-9 points et la main limite avec au moins quatre de la mineure qu'a ouvert le partenaire au niveau de 1. Le saut dans le mineure du partenaire qui a ouvert garde sa valeur préemptive. Le point faible de cette convention, au sens d'une enchère limite, nous oblige à répondre 1SA avec une main de 6-9 points, quelque peu débalancée et sans 4 cartes en majeure. Mais c'est un bien petit prix à payer pour un système aussi fonctionnel. D'ailleurs, si la réponse de 1SA est contrée, le répondant peut maintenant se réfugier à 2 de la mineure de son partenaire.

1 - 2 cela représente en standard une main très forte, avec du très beau carreau au moins sixième (voir la séquence suivante : 1 - 2Maj.). Il convient plutôt, comme expliqué au paragraphe suivant, de jouer cette réponse comme faible. Le principe sous-jacent consiste dans la Loi des levées totales élaborée par le français Jean-René Vernes dans les années 50 (Voir cependant la limite sérieuse indiquée au chapitre 10.5.3 : cette loi ne se vérifie que dans 44,6 % des cas). Une des inférences de cette théorie réside en effet dans l'opportunité de concevoir tout saut comme un barrage. Mais un barrage en quoi ? En carreau ? C'est sûrement une option correcte. Elle rend difficile aux adversaires de se retrouver facilement en majeure. Même s'ils trouvent leur fit en majeure, il leur sera moins aisé qu'autrement d'estimer le bon niveau. Une variante, dont m'a fait part un des meilleurs joueurs au Canada, François Gauthier, consiste à employer cette enchère pour montrer une main de 8-9 points avec cinq piques et quatre ou cinq coeurs. En effet, il sera difficile à la paire de montrer quatre coeurs après avoir montré cinq piques si les enchères sont les suivantes

1 - 1
2 - ??? (2 devient dangereux ; la paire jouera facilement à un niveau trop élevé)

De même, François Gauthier joue-t-il avec son partenaire François Boucher un complément à cette réponse. 1 - 2 représente chez le répondant la même distribution de cinq piques et quatre ou cinq coeurs mais avec une main plus faible
(5-7 points ; voir la parenté avec les deux paragraphes suivants)
 

1 - 2Maj. : tout comme pour la séquence précédente, en Standard Américain, cette réponse a d'abord représenté une très belle couleur avec une main de 19 points et plus. Puis, sans doute diffusément conscients de la rareté - et donc de la non-rentabilité - d'une telle enchère, les joueurs ont baissé le niveau des exigences à une main de 16 points et plus (toujours avec une excellente majeure au moins sixième). De nos jours, les joueurs qui ont quelque compréhension de la nature d'un système et des lois qui doivent le fonder préfèrent généralement utiliser cette enchère pour décrire une main faible de six cartes (disons de 3 à 5 points - cela est sujet à variation d'une paire à l'autre). Leur raisonnement est simple : il existe toutes sortes de gadgets pour décrire des mains fortes ; d'autre part, la réponse de barrage situe l'ouvreur tout de suite : il n'ira pas inviter avec 16 points en sautant au niveau de 3. Cette réponse en effet vise à bloquer les adversaires tout en indiquant un contrat présumément optimal. à tout le moins, l'ouvreur a toute l'information pour prendre une décision éclairée. Pratiquement, il faut qu'il passe. Même avec une main de 18-19 points carrée. Si ce 18-91 points s'harmonise bien avec la réponse de 3-5 points , il avisera.
 

Que devient alors la séquence o¸ù le répondant annonce d'abord une majeure au niveau de 1, puis la redemande au niveau de 2 ? Elle couvre le terrain que l'autre ne couvre pas : la main est légèrement plus forte. Soit une couleur sixième dans une main de 6 à 9.
 

1 - 2SA : cette séquence est impérative de manche et montre une main balancée de 13-15 ou de 18 points et plus (avec une main balancée de 16-17 points, on répond directement 3SA ; si on a 16-17 points, une main balancée et une majeure quatrième, on annonce d'abord sa majeure quatrième, on utilise ensuite la quatrième couleur forcing, puis on saute à 3SA pour montrer ce type de main). Les deux mains suivantes constituent des exemples de cette réponse :
 

R84            AR5
A52            DV3
Vd96         ADd
AD3           A972

 

Le répondant peut-il avoir une majeure quatrième ? Certains joueurs jurent leur grand dieu qu'ils ne passeront jamais par-dessus une majeure quatrième au niveau de 1. Je crois que c'est une erreur. La description gestaltique, permettant de livrer l'ensemble de la main d'un coup, autorise ensuite à poser des questions précises. Par exemple, l'ouvreur n'a qu'à employer check-back Stayman (3 ) s'il veut connaitre la teneur en majeure(s) du répondant. Soit :

1 - 2SA
3 : "Partenaire, as-tu une majeure quatrième ?"

 

Certaines paires préfèrent garder ce 3 pour montrer du beau trèfle

(avec l'idée de la manche ou du chelem à trèfle, ou du chelem à sans atout - garantissant plusieurs levées par le trèfle) ; ils utilisent alors 3 comme interrogation de type Stayman. L'idée est valable ; elle ne lève cependant pas tellement. C'est que, dans l'expérience concrète, deux facteurs militent contre son adoption : d'une part, la majorité des paires ne sont pas aussi sophistiquées ; d'autre part, plusieurs joueurs auraient peur d'oublier la valeur "trèfle" de l'enchère et s'imagineraient employer Stayman, tellement il est entré dans les moeurs que trèfle après sans atout est identifié à Stayman. On pourrait de toute façon adopter la formule heureuse qui permet de jouer sur les deux tableaux : 3 montre du beau trèfle, mais cela n'empêche pas le répondant d'en profiter pour montrer ses majeures à ce moment. Rien n'empêche en effet que l'ouvreur ait à la fois du beau trèfle et une majeure quatrième. Selon cette dernière variante, on utilise 3 comme Stayman, mais avec l'information implicite Cependant, comme je l'ai rappelé dans un chapitre antérieur, certains préfèrent jouer la séquence 1min -2SA comme limite : disons un beau 10 à un mauvais 12. Cette séquence m'apparait moins performante que celle décrite ici. En effet, sur 1c le répondant avec une main limite et sans majeure peut répondre 1, et, au deuxième tour d'enchère, y aller de 2SA. De même sur une ouverture de 1, il répondra 2Tr, puis, le tour d'après, 2SA, même si les trèfles ne sont que troisièmes ou quatrièmes.
 

1 - 3 dans l'ancien bridge, cette enchère était impérative de manche (FM, ou forcing de manche). Aujourd'hui, on la considère soit comme une enchère limite (10-11 points avec fit), ou alors, on jouera cette séquence comme un barrage si on joue les mineures inversées. La main de gauche sera typique de la réponse limite (10-11) ; celle de droite, d'un barrage:
 

R54       54
R3         D32
D95       D8
R8762   DV9863

 

1 - 3 , 3 , 3 cette enchère est inusitée. Elle peut prendre deux significations contradictoires, selon ce que la paire en aura décidé. Ou bien on considère cette réponse comme un barrage, et c'est à mon sens la meilleure solution ; ou bien il s'agirait d'un splinter avec fit à trèfle - traitement qui m'apparait moins rentable. L'enchère conçue comme un barrage doit être très précise, l'ouvreur ne désirant ni manquer une manche ni chuter de deux contré. Proposons donc une définition assez pointue : sept cartes de la couleur avec exactement deux honneurs majeurs (deux de ARD), et au plus un valet "en dehors" (dans une autre couleur). En effet, ce barrage ne donne pratiquement pas de place à l'investigation de manche ; il doit donc être très précis afin que l'ouvreur puisse prendre une décision éclairée. On trouvera à gauche la main de barrage et à droite le splinter (pour une réponse de 3) :
 

RD97653                                            3
5                                                         RD7
d63                                                     R984
92                                                       R6543

 

1 - 3SA : cette enchère devrait représenter 16-17 points avec un (4333) avec la couleur quatrième en mineure. Encore ici, l'enchère ne laissant pas de place, elle doit être très précise.

1 - 4 on ne peut concevoir cette réponse autrement que comme un barrage accentué.
 

1 - 4 barrage. Encore ici, on pourrait concevoir que c'est un splinter à carreau, montrant un beau fit à trèfle. Mais c'est là une approche peu pratique. Cette séquence est très rare. L'auteur, de mémoire, je n'en a jamais été témoin.
 

1 - 4Maj : pour jouer. L'ouvreur peut-il penser à un contrat plus élevé avec une très belle main ? Ce n'est pas impensable. Il faut comprendre cependant que le répondant devrait avoir une main très précise, soit huit cartes dans la majeure menée par deux honneurs majeurs, et rien à côté. 4SA par l'ouvreur serait ici Roman Keycard Blackwood (voir cette notion à l'entrée "Blackwood" du glossaireF).
 

Et maintenant, vous pouvez vérifier votre assimilation de cette section en répondant aux deux tests suivants :

test 1 et test 2.

 

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