CHAPITRE 21 CONVENTIONS DÉFENSIVES
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La défense, encore plus que l'attaque, dépend fondamentalement de l'attitude, à cause de l'inter-influence active en défense, travail d'équipe. L'attitude qui anime la paire fait souvent la différence entre la victoire et la défaite. Une paire doit s'installer à une table et recevoir les paires adverses avec politesse certes, mais à l'affût.
D'abord à l'affût de l'état psychologique des adversaires. Certaines paires vous arrivent intimidées, timorées - si vous compétitionnez un peu, elles n'oseront pas se rendre à une manche toujours assurée, ou vous laisseront jouer un contrat qui chute de deux et plus sans vous contrer ; d'autres échouent chez vous bouleversées par deux tops qu'elles viennent maladroitement de donner aux adversaires ou par une discussion interne acerbe. Elles sont prètes à tous les excès, elles peuvent vous contrer dans une partielle garantie si vous y trainez en sous-évaluant temporairement votre main, ou s'embarquer elles-mêmes pour un joyeux "-1100". Plus généralement, il faut être éveillé au style de chacun, et l'entrer dans la mémoire de son ordinateur mental.
A l'affût surtout de la nature des questions et traquenards posés par la planchette en jeu : vos 26 cartes forment-elles un ensemble offensif ou défensif ? Les enchères ont-elles montré que vos couleurs étaient bien ou mal situées ? Vos honneurs intermédiaires sont-ils bien répartis (protégés, appuyés) ? Quel est le problème défensif majeur de cette main ? Quels sont les problèmes secondaires de la défense ? Parmi les options tactiques qui s'offrent au déclarant, peut-on non seulement évaluer l'aspect statistique de chacune d'entre elles, mais aussi le développement de jeu qu'elles devraient provoquer, les coups trompeurs qu'elles permettent...Où et comment pourrais-je induire l'adversaire à se tromper?... Comment cette planchette sera-t-elle annoncée et jouée aux autres tables ?... etc.
Si je devais traduire de façon imagée cet état d'affût, j'hésiterais entre la meute de loups en chasse, et une mission de commandos : les deux comparaisons nous montrent une communication et une attention intense malgré le peu d'échanges verbaux, ainsi que la nécessité de s'adapter rapidement à toutes les sinuosités du combat sans perdre de vue le plan original.
Une des manières d'actualiser une défense efficace n'est malheureusement pas pratiquée généralement, sinon par les très bonnes paires. Ceux qui en doutent n'ont qu'à se rendre dans un tournoi de haut niveau pour observer la pratique universelle de ce comportement : il s'agit de digérer une à une les cartes jouées, en particulier celles du partenaire. Combien de fois on voit les défenseurs jouer de manière "indigeste"; si on arrêait soudain le jeu pour demander : "Qu'est-ce que les cartes jouées jusqu'ici par votre partenaire vous ont appris ?", plusieurs seraient dans une ignorance à tout le moins relative, ou alors, et c'est finalement pire, proclameraient que tout est clair. Si tel est effectivement le cas, c'est que le système de signalisation, à tout le moins en réalité sinon en théorie, s'avère plutôt simpliste. Plus simplement, par delà les signaux, il y a simplement le fait de prendre en compte les cartes passées. Chaque carte qui passe doit être considérée comme une information additionnelle dans la "carte géographique" des mains que je dois préciser à mesure, afin de prendre les meilleures décisions. Si l'on peut donner un modèle du genre, entre plusieurs excellents, les mains en défense proposées par Edwin Kantar m'apparaissent parmi les meilleures. Elles représentent des mains de tous les jours, et posent des problèmes fréquents à la table - sauf que plusieurs ne les voient pas.
1. CONTRE UNE OUVERTURE DE 1 EN COULEUR
Les conventions de cette section ont pour but de montrer une main distributionnelle, généralement 5-5, quelquefois une longue ou une main tricolore. Considérons d'abord l'ouverture adversaire de un en couleur.
1.1 MICHAELS
Contre une mineure, le cuebid de la mineure annonce les deux majeures par
5 (quelquefois un beau 5-4); contre une majeure, le cuebid de la majeure
annonce l'autre majeure et une mineure indéterminée. Pour connaiitre la
mineure, le répondant annonce 2SA (cela implique qu'il a une tolérance
pour 3 et 3
, i.e., il a au moins trois trèfles et au moins
trois carreaux.Cela prend environ 8-10 points pour faire Michaels sur une
mineure, légèrement plus sur une majeure. Et encore faut-il être
non-vulnérable. Si vous êtes vulnérable, il faut penser en termes d'une
douzaine de points. Ne pas oublier non plus que la répartition revêt une
importance primordiale. Quand vous utilisez l'une ou l'autre de ces
conventions montrant une main à distribution, vous affirmez du mïême coup
que la majorité de vos points se trouve dans les longues que vous
annoncez. Les débutants font souvent cette erreur ; ils ne se tiennent
plus d'employer la potion magique et le font avec une répartition
contraire... et le résultat mérité.
Notons aussi que certains jouent ces conventions sans limite maximale. Leur enchère artificielle est impérative pour un tour, il n'y a donc aucun danger que les enchères ne meurent avant qu'ils puissent montrer leur dynamite. La manière réputée la plus rentable d'employer ces conventions bicolores consiste à leur attribuer une valeur ambiguïté : inférieure à l'ouverture ou de 16 points et plus. L'ambiguïté de l'enchère tient les adversaires un peu plus sur le qui-vive. avec 12-15 points, vous annoncez les deux couleurs l'une après l'autre. Il demeure que la Cyclica, analysée plus bas, m'apparait supérieure à tout cela.
1.2 TOP AND BOTTOM
Comme son nom l'indique, le cuebid d'une couleur au niveau de un indique
la possession de la plus haute ainsi que de la plus basse des trois autres
couleurs. Au sens strict, top and bottom ne s'emploie que sur une majeure,
1 - 2
montrant
et
, 1
- 2
indiquant
et
. Mais
beaucoup utilisent cette convention aussi sur une mineure, pour montrer
et l'autre mineure.
L'avantage de top and bottom sur Michaels apparait clair. Le partenaire sait exactement les deux couleurs que vous possédez; en revanche, Michaels permet d'annoncer deux sortes de bicolores. Faut-il préférer une convention à l'autre ? Ou opter pour une de celles qui suivent ? C'est là affaire de style, de goût. L'important, c'est de s'entendre avec son partenaire. Au niveau objectif de la valeur intrinsèque des conventions, je préfère Michaels modifié, que je vous décris à l'instant.
1.3 MICHAELS MODIFIÉ
Combinaison des deux précédents : 1Min - 2 de la Min demeure top and bottom (la plus haute et la plus basse des couleurs restantes); 1Min - 3 de la Min est pour les majeures. 2SA sera pour les deux plus basses. Le cuebid de la majeure conserve la même signification que dans le Michaels standard. Deux petits inconvénients : d'une part, vous êtes un niveau de plus pour décrire les deux majeures que vous ne le seriez avec le Michaels standard; d'autre part, vous vous privez d'un barrage dans la mineure de votre adversaire (il peut ne posséder que trois cartes dans cette mineure). Mais une expérience même rudimentaire du bridge nous convainc vite du caractère mineur de ces inconvénients.
1.4 BICOLORE INDÉTERMINÉ
Becker, père et fils, deux joueurs de qualité. La présente conviention vient de Becker père. Ici, le cuebid d'une majeure demeure Michaels, mais le cuebid d'une mineure annonce tojours cinq piques. Le répondant, sans fit à pique, demande la plus basse des deux couleurs restantes pourvu qu'lle contienne au moins au moins trois cartes.
(1) - 2
- (P) - 3
(P) - 3
On pourrait même raffiner et jouer qu'un cuebid de 3 au lieu de 3
, dans cette séquence, serait l'équivalent d'un Western : "Si
tu as l'arrêt à
, va à 3SA."
L'avantage de cette méthode, c'est d'abord de rester au niveau de 2 tout en permettant l'emploi de la formule pour trois sortes de bicolores. Ensuite, de permettre l'utilisation du cuebid de 2SA sur une mineure pour dire une main balancée de 21-22 points (ou de 16-18... enfin, une force de cette magnétude, à déterminer entre partenaires).
1.5 LE SANS ATOUT INUSITÉ
Sur une majeure par l'adversaire, 2SA indique les mineures. Encore
là, faut-il rappeler la nécessité d'une répartition adéquate ? Vos points
doivent être dans les mineures. Il convient aussi d'utiliser comme inusité
l'enchère de 1SA quand les deux adversaires ont annoncé les deux majeures(
1 ...1
). Pour la raison toute simple que le 1SA naturel
n'aurait pas de sens et mène droit à la catastrophe. Si vous avez une
bonne main balancée, rien ne presse : la réponse de votre adversaire est
impérative pour un tour. Ils iront même peut-être à la manche sans
imaginer que tous les points se trouvent chez un seul défenseur.
Sur une mineure, 2SA devrait désigner les deux plus basses non annoncées. Couplée avec Michaels modifié, cette convention vous permet d'exprimer tous les bicolores sur une ouverture adversaire de 1 en couleur.
Mais alors, que signifierait une séquence d'enchères où vous surenchérissez successivement en deux couleurs? Du coup, vous comprenez les possibilités significatives de cet ajout. Comme les deux couleurs sont déjà identifiées par les méthodes décrites plus haut, il suit que les surenchères successives permettront de modifier l'expression de la puissance des bicolores concernés. Je vous suggère donc ceci : les surenchères successives montrent de 13 à 16 points d'honneur, et la méthode par bicolore instantané provient soit d'une main de 7 à 12 points, soit de 17+ ... Ce qui a l'avantage de cultiver une anémiante perplexité chez les adversaires.
1.6 LA "CYCLICA"
Je tiens cette convention d'un ami et partenaire, Carlo Pisano, d'où l'appellation italienne. L'originalité de la cyclica consiste à distinguer entre bicolore fort et bicolore faible. Avantage additionnel, on sait précisément le nombre de perdantes de la personne qui cuebide. Cela évite des cuebids fantaisistes et spontanés, trop imprécis pour que le partenaire dispose d'une information propre à lui permettre de prendre la décision la plus fonctionnelle possible.
D'abord, les bicolores faibles (main de 6 ou 7 perdantes). Il s'agira toujours d'un saut dans une couleur contre une ouverture en mineure. La deuxième partie du tableau présente les bicolores forts (main de 4 ou 5 perdantes) :
|
ouv. adv. - cyclica |
couleurs indiquées |
ouv. adv. - cyclica |
couleurs indiquées |
6 -7 perdantes |
1 |
|
1 |
|
1 |
|
1 |
|
|
1 |
|
1 |
|
|
|
|
|
|
|
4 - 5 perdantes |
1 |
|
1 |
|
1 |
|
1 |
|
|
1 |
|
1 |
|
1.7 Les cuebids Astro
Le terme Astro est l'acronyme des trois inventeurs de la
convention : Allinger, Stern, ROster. La convention qu'ils créèrent était
utilisée contre l'ouverture à 1SA (faible ou fort, en direct ou en réveil)
: 2 signifiait
et une mineure, et 2
pique et une autre couleur. Astro n'est plus populaire ;
certaines variantes le sont un peu plus. Brozel Rescue, ou SOS Brozel,
tout à fait convenable pour le petit sans atout, est très proche de
Pinpoint Astro.
Les cuebids Astro, des mêmes auteurs, ont eu un meilleur sort. Précisons cependant que la version majoritairement pratiquée, et présentée ici, varie relativement de celle présentée par The Official Encyclopedia of Bridge, dans son éditions de 1984. La variante moderne que je vous présente sert à fournir des précisions utiles au partenaire lorsque chacun des adversaires a demandé une couleur au niveau de 1. Elle comporte deux aspects.
Premier aspect
Contre signifie 44 ou 54 dans les deux autres. 1SA indique au moins 55. Certains jouent plutôt que 1SA indique 55, et 2SA 65 et mieux. Voici trois exemples :
1 |
P |
1 |
X : 4 |
1 |
P |
1 |
1SA : 5 |
1 |
P |
1 |
2SA : 6 |
Deuxième aspect
Lorsque l'on tient un 64 dans les couleurs adversaires, le cuebid de la plus basse couleur signifie six cartes dans la plus basse des deux autres couleurs et quatre cartes dans la plus haute. Symétriquement, le cuebid de la plus haute montre six cartes dans la plus haute des deux autres couleurs et quatre cartes dans la plus basse. Voici deux exemples :
1 |
P |
1 |
2 |
1 |
P |
1 |
2 |
Conclusion : Cette convention, dans la variante fort répandue que j'ai présentée ici, est utile. D'une part, elle est tellement bien structurée qu'elle ne taxe pas la mémoire ; d'autre part, le premier aspect se produit assez souvent pour fournir des précisions fonctionnelles, qui renseignent d'une manière souvent déterminante sur la suite des enchères. Le deuxième aspect, plus rare, n'en constitue pas moins une arme souvent fort rémunératrice (vous serez dans un contrat optimal que d'autres paires ne peuvent trouver qu'à tâtons). Ne perd-on pas le 1SA naturel après les deux couleurs adversaires ? Je n'en ai rencontré qu'une occurrence : lors d'un National à Toronto vers le milieu de la décennie 80. D'une manière générale, Astro vous sera beaucoup plus utile que limitatif.
2. CONTRE L'OUVERTURE DE 1SA
Dans trois éditions antérieures du présent manuel, je décrivais abondamment toutes sortes de défenses contre l'ouverture d'1SA. Brozel, Landy, Ripstra, Astro, etc. En particulier, deux conventions, Cappelletti et "Canapé" (à défaut d'une meilleure appellation), ont été très populaires chez les bons joueurs. Jusqu'à 1992, elles faisaient substantiellement l'unanimité dans l'élite du bridge.
Approfondissons cette question. Les méthodes de défense contre sans atout peuvent se classer en deux groupes. Un groupe utilise le contre pour pénaliser l'ouvreur à 1SA. Ce sont Astro, Cappelletti, Landy, Ripstra et Succion. L'autre groupe emploie le contre pour indiquer un unicolore (DONT, Canapy et Brozel). Ce dernier groupe ne vit-il pas trop dangereusement, vulnérable à l'ouverture psychique de 1SA par les adversaires ? Ils ne seront pas contrés puisque le contre est un appel... Cette mise en garde ne tient pas. Car le partenaire de l'ouvreur psychique devra croire l'ouverture de son partenaire, ou alors expliquer devant un comité de discipline pourquoi il n'a pas annoncé sa main. Dans le cas où les points sont de notre côté, le psychique ne devrait pas nous empêcher de réveiller les enchères. De toute façon, l'ouverture psychique de 1SA ne peut se faire fréquemment sans que cela soit considéré comme une entente illicite entre partenaires.
Or, que nous conseille la loi des levées totales en défense contre l'ouverture de 1SA ? Elle signale qu'il convient d'intervenir très souvent. La formule découlant de la dite Loi nous apprend qu'il faut ajouter 7 (les levées de 1SA) au nombre d'atouts potentiels de notre côté pour déterminer le nombre de levées totales. Par exemple, si nous croyons avoir un fit de huit cartes, il y a 15 levées, et nous ferons probablement notre contrat au niveau de 2. De surcroit, l'entame contre 1SA est souvent désastreuse : elle se fait de la longue... vers la courte du partenaire, et génère une levée additionnelle pour le déclarant. La pénalité, en somme, est rarement fructueuse.
Il importe conséquemment d'utiliser une convention où le contre sert à décrire la main. Cohen, justement, en suggère une, qui, à partir de 1992, a commencé à s'imposer et à remplacer Cappelletti et Canapé dans la faveur des joueurs sérieux. Elle se nomme DONT, pour DOuble over No Trump. Elle consiste en ceci :
2.1 DONT
X montre un unicolore normalement sixième (surtout pas une main 5332) et
demande au partenaire de relayer à 2
; le contreur annonce alors sa couleur (il passe si c'était
). 2
indique un bicolore, dont
et une couleur
plus haute. 2
signifie
que la main contient un bicolore
- couleur supérieure à
. De même, 2
exprime un bicolore en
majeures. Il reste la surenchère de 2
. Cohen nous propose une couleur à
faible, alors que contre suivi de 2
montrerait une couleur plus forte. On comprend
l'idée de Cohen. Il convient de trouver un fit le plus sûr possible, même
si c'est en mineure. Il s'agit, en somme, de comprendre des réalités
mathématiques élémentaires : + 90 vaut mieux que +50 ou -90 ; -50 est
préférable à -90.
2.2 CAPPELLETTI
Cappelletti part de deux postulats : d'une part, il convient de conserver
le contre comme orienté vers la pénalité, montrant une main équivalente à
l'ouverture de 1SA. A noter cependant que cela demeure proportionnel au
1SA en question : devant 12-14, vous montrez aussi 12+, pas nécessairement
16-18 ! Brozel pêche sous ce rapport, car il utilise le contre pour
indiquer une longue quelque part (relais à 2 du partenaire). D'autre part, en sacrifiant l'enchère
naturelle de 2
, on peut
par relais tout décrire à des niveaux acceptables. Soit :
X : pénalité.
2 : Montre une longue
quelque part. Le partenaire relaie à 2
non forcing, que l'autre passe ou convertit à sa longue si
ce n'était pas
.
2 : les deux majeures.
2 :
et une
mineure.
2 :
et une
mineure.
2SA : les deux mineures.
Cappelletti modifié présente, à mon sens, un certain avantage. 2 est un relais à 2
. L'intervenant ou bien a les carreaux ou alors
possède un bicolore majeure-mineure. 2
annonce encore les deux majeures. 2Maj. est naturel. Le
premier avantage de la modification consiste à ne pas se faire chiper
l'annonce d'une majeure par des enchères adverses plus élevées. Le
deuxième avantage réside dans la confusion créée chez les adversaires eu
égard à la différence des deux types de mains possibles contenus dans le 2
.
2.3 CANAPÉ
La méthode Canapé part du principe que plus souvent qu'autrement, les deux couleurs sont 5-4. Il sera donc préférable de bâtir un système défensif basé sur cette occurrence. Soit :
X : Demande au partenaire d'annoncer 2 , montrant un unicolore.
2 : quatre ou cinq
et une majeure
cinquième. Le relais à 2
demande laquelle.
2 : quatre ou cinq
t
une majeure cinquième. Le relais à 2
demande de passer s'il s'agit du
, ou alors, de
convertir à 2.
2 : Exactement quatre
et
une mineure cinquième.
2 : Exactement quatre
et une mineure cinquième
On aura profit cependant à utiliser Brozel Rescue, ou S.O.S.Brozel. Cette convention, largement décrite dans la section sur les enchères, constitue une façon de se sauver la vie quand l'ouverture d'1SA du partenaire est contrée. Elle va de paire avec Lebensold (réaction à l'intervention en couleur sur l'ouverture à 1SA du partenaire à Voir les enchères).
Ajoutons, enfin, une convention de jeu, non d'enchères, que certaines paires de qualité emploient contre le contrat à sans atout (particulièrement 3SA). Il peut arriver que votre entame soit faite à partir d'une couleur quelconque. Disons Dxxx. Vous entamez religieusement de votre 4' meilleure. Votre partenaire vous encourage (avec quelque incertitude) avec Vxx. L'écho créé par Smith consiste à dire à votre partenaire si votre couleur d'entame (ou, pour le vis-à-vis, la couleur entamée par le partenaire) est intéressante ou pas trop. Lors de la prochaine couleur que le déclarant se mettra en frais d'établir, vous ne donnerez pas le compte de la couleur. Plutôt, vous jouerez une grosse carte pour indiquer que la couleur d'entame était vraiment intéressante; sinon, comme dans le présent exemple, vous jouerez une petite carte pour indiquer la qualité toute relative de votre couleur d'entame. Votre partenaire agit de même. Un raffinement : Smith Echo inversé. Vous jouez une petite carte de la nouvelle couleur pour montrer de l'intérêt dans votre couleur d'entame, alors qu'une grosse carte traduit un intérêt mitigé.
2.4 SUCCION
Une des dernière-nées parmi les conventions défensives contre l'ouverture
à 1SA. Il y a plusieurs années, Carlo Pisano et moi nous préparions pour
un gros tournoi à Toronto. Carlo me proposa l'équivalent de Succion, mais
en réponse à notre sans atout suicide (10-12 à toute vulnérabilité). Je
rouspétai au début, mais finis par me rendre à ses arguments. Or, même
contre des paires réputées, personne ne réussit à nous torpiller. La force
de succion réside dans sa constante ambiguïté pour l'adversaire : 2 montre le carreau... ou alors les deux majeures;
2
indique les coeurs...
à moins que ce ne soit pique et trèfle; de même, 2
pour les piques ou les deux mineures. Etc. On
voit l'autre avantage, semblable à la convention de Becker, décrite plus
haut : on peut, par relais, connaitre la main du partenaire à un bas
niveau.
2.5 Mecwel
Comme vous le savez peut-être, ce terme représente une des toutes meilleures paires, Jeff Meckstroth et Eric rodwell. Voici leur système contre 1SA : X indique une mineure ou les deux majeures ; une mineure annonce cette mineure et une majeure. Un relais, s'il y a lieu, demande la majeure. La seule enchère au niveau qui nous oblige à jouer au nivea de 3 est 2SA pour les mineures. Autrement, on joue au niveau de deux, et la couleur annoncée est toujours réelle. J'estime que cette convention est la meilleure défense contre 1SA.2.6 Les cuebid fantômes
Problème : Lors des transferts Jacoby sur l'ouverture de 1SA, j'ai quelquefois envie de contrer la couleur artificielle du transfert pour indiquer que j'ai la majeure non visée. Mais je trouve ça dangereux, car ma main est mal située par rapport à l'ouvreur. Quand j'ai un bicolore, ça va, mais mon partenaire ne le sait pas.
Solution : Sur l'ouverture de 1SA par le FG et un transfert Jacoby par le FD, les cuebids fantômes montrent la majeure non impliquée et une mineure.
Explication : Il s'agissait d'y penser - comme l'oeuf de Christophe-Colomb ! Contrer la couleur du transfert indique la possession de la majeure non visée par le transfert, mais avec la garantie qu'il devient vraiment hasardeux pour les adversaires de contrer, eu égard à l'affirmation d'un bicolore. La main se trouve du même coup avoir acquis un potentiel nettement plus offensif. Par exemple :
1SA P 2 X :
et une mineure
1SA P 2 X :
et une mineure
Ne perd-on pas alors le contre qui indiquerait la possession de la seule majeure non impliquée, dans les cas où l'on y tient de la force, mais sans posséder de mineure cinquième ? Le bridge est une question de statistiques. La question se formule donc ainsi : "Qu'est-ce qui est le plus probablement utile ?" La réponse s'avère les cuebids fantômes. D'autant plus que vous pouvez convenir avec votre partenaire que la majeure doit toujours être cinquième, mais que la mineure pourrait être seulement quatrième. Se trouvent ainsi augmentées considérablement vos chances d'actualiser un cuebid fantôme.
2.7 AUTRES MÉTHODES
Landy : 2 pour les
majeures.
Ripstra : Une mineure indique que c'est la meilleure mineure, les deux majeures étant 5-5.
Brozel : Contre affirme une longue (appelle le relais à 2 ). 2
pour
et
, 2
pour
et
, 2
pour
et
,
2
pour
et une mineure, 2SA pour les mineures. Brozel
s'emploie surtout après 1SA du partenaire et un contre en intervention. Il
reste qu'on peut l'utiliser aussi dans le présent contexte. Avantage
énorme de Brozel : on connait l'identité des couleurs au plus bas niveau.
Astro : Plusieurs variétés. Une des plus connues : 2 pour
et peut-être une mineure, 2
pour
et
peut-être une mineure, 2
pour les majeures, 2
indiquant une belle couleur à
.
3. LE CONTRE D'ENTAME
Appelé aussi contre significatif. Votre adversaire de gauche,
après un va-et-vient d'enchères et la découverte d'un fit, annonce 4SA
(demande d'as). Votre adversaire de droite répond 5 (un as). Or, votre partenaire sera à l'entame,
votre adversaire de gauche ayant le premier mentionné la couleur de leur
fit. Vous voulez demander à votre partenaire une entame
: vous contrez
ce 5
artificiel.
Attention cependant! Si vos adversaires ont aussi un fit à
, ils
surcontreront...et vous aurez l'air fou!...donc, contrez dans ces
conditions seulement si vous savez que vos adversaires ne peuvent jouer ce
contrat.
Il y a d'autres formes de contre d'entames : si le contrat est SA contré par votre partenaire, celui-ci vous demande d'entamer dans la couleur que vous avez demandée plutôt que la sienne, que vous entameriez autrement (ne serait-ce que pour ne pas vous faire engueuler!...). Si votre équipe n'a pas annoncé de couleur, le contre demande l'entame de la première annoncée par le mort. Après 1SA-3SA, contre indique une mineure solide (ARDxxx), car avec une majeure de ce type, vous auriez fait un barrage, ou, si vous n'avez pas pu annoncer, étant le quatrième joueur après l'ouverture, votre partenaire, présumément court dans la majeure 6ième, entamerait pour vous de toute façon.
Enfin, le contre Lightner. Ce contre, en principe seulement lors d'un contrat de chelem, demande une entame "bizarre", entendons une entame dans une absence. Le postulat qui sous-tend cette manière de voir repose sur le fait que l'important consiste à faire chuter le chelem, non de chercher d'abord à accumuler quelques points de plus par le contre. Distinguer l'essentiel de l'accessoire, en somme! Le contre sert donc ici à la chute, non à la pénalité d'abord. A moins, bien sûr, que le chelem ne soit un sacrifice ou le résultat évident d'une erreur adversaire dans les enchères.
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